Digital nomade : mon antidote

En devant digital nomade, j’ai automatiquement appris à vivre avec moins.

Moins de revenus, moins de sûreté, moins de sécurité, moins de ressources, moins de mondanités, moins d’économies (la liste n’est pas infinie mais cependant je pourrais continuer l’énumération sans hésitation). J’ai donc mis en avant le moment présent, j’ai commencé à prioriser mes envies chimériques et gracié les hypothétiques questions ‘oui mais si… ?’

Combien de fois me-suis je suis retrouvée confrontée à des gens jugeant ma façon de penser comme étant trop utopiste pour pouvoir exister ? Je leur répondais que je préférais profiter de ce nouveau mode de vie dès maintenant, puisque finalement ;

Il n’y avait rien de plus incertain que le lendemain

Et je n’avais rien contre ces personnes, qui très certainement me voulaient du bien. Mais j’avais de la peine pour celles qui ne cessaient de reporter leurs rêves à l’an prochain. Sous prétexte qu’elles auront davantage le temps d’y penser, de s’organiser, de mettre assez d’argent de côté…

Mais voyez-vous, la vie, aussi belle et cruelle soit-elle, ne prévient pas. Pas de préavis, ni de mise en alerte, parfois tout s’arrête. Et personne n’est (correctement) préparé à l’imprévu. Mais étrangement, depuis que j’ai fui Paris l’an dernier et donc indirectement fait une croix sur des revenus et un toit réguliers, cette formule pleine d’incertitude m’a poussée à sculpter mon temps et mon budget différemment. 

Pendant mes 5 années parisiennes, mon CV s’est paré de quelques dorures, mon compte bancaire de quelques euros mais ma santé s’est écorchée au fur et à mesure. J’ai travaillé d’arrache-pied sans pour autant avoir la moindre envie de chausser de beaux souliers managériaux. Gravir les échelons professionnels ne me plaisait guère.

Mes missions opérationnelles nourrissaient ma satisfaction journalière.

Cependant, trônait toujours dans un coin de ma tête cette pensée extraordinaire : pouvoir un jour, passeport à la main, migrer vers d’autres contrées. Pour espérer offrir à mes yeux des souvenirs verts et bleus et pouvoir ajouter quelques kilomètres au compteur des découvertes. Une reconversion hôtesse de l’air ou influenceur voyage serait-elle nécessaire ?!

Depuis janvier, je veille donc désormais à organiser mes journées de façon à respecter autant mon énergie que ma to-do-list imposée. Ainsi, le temps dédié à mon bien-être est égal ou s̶u̶p̶é̶r̶i̶e̶u̶r̶ inférieur au temps passé à travailler.

L’ énergie étant le meilleur des médicaments,

J’ai compris à quel point j’avais besoin de chérir avant tout ma santé, et non plus mes comptes épargne et livret.

Étrangement, l’arrivée du COVID-19 m’a rendu une faveur. En l’espace de deux mois, j’ai perdu quelques clients et projets, et par conséquent, de l’argent. Mais voyez-vous, j’ai vite oublié cette douleur en buvant, sans modération, un breuvage régénérant, composé de :

  • Plus de temps, de temps passé dehors, de temps passé dans l’eau.

  • Plus de sport

  • Plus de hautes températures

  • Plus de (couchers de) soleil

  • Plus de nature

  • Plus de palmiers

  • Plus de bons aliments

  • Plus de créativité

  • Plus de voyages

  • Plus de rencontres…

Cette boisson vitaminée, nécessaire à mon hygiène mentale, a remplacé le cocktail d’anxiété que je commandais à répétition les années d’avant, accoudée au bar des préoccupations. 

Aujourd’hui, des millions d’américains (et pas seulement) perdent leurs emplois, survivent difficilement grâce à leurs économies et bientôt, devront se séparer de leurs biens matériels pour couvrir leurs besoins primaires / essentiels. L’accès à la santé (et sa gratuité) semble pour beaucoup d’entre eux être un privilège et la promesse d’une retraite, un vaste mirage. 

Bien qu’en France, chanceux, nous sommes loin de leur système désastreux, nous ne pouvons pas pour autant être à l’abri d’une secousse sanitaire / politique / climatique, menaçant l’ordre rationnel et rassurant que l’on connaît au quotidien. 

Mais aujourd’hui, tous prisonniers de cette tourmente économique et de ce confinement, nous doutons de notre présent ponctué de mutations significatives et nos interrogations quant au monde de demain sont vives. Notre bonheur semble être paralysé et notre envie d’évasion démultipliée.

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Depuis que j’ai laissé le passé de côté, depuis que mon bureau n’a plus d’adresse fixe, que mon patron s’appelle Flexibilité et que la liberté coule à nouveau dans mes veines, je peux enfin affirmer avoir réuni tous les ingrédients me permettant de mener une vie saine. Bien que pour certains, cette recette manquera très certainement de perspectives solides et d’activités oisives. 

En étant digital nomade, j’ai aussi appris à économiser différemment, sans devoir compter sur le gouvernement dans le cas où un événement déstabilisant devait arriver. Tel un écureuil prévoyant, j’ai placé mes noisettes, aka petites prestations Social Media mensuelles dans un doc excel coloré. Et tous les mois, celles-ci viennent ainsi embellir mes petits rêves, nomades et courtermistes. Une fois de plus, certains qualifieront cet état d’esprit comme étant trop limité ou idéaliste. Mais je vous assure que cette mobilité, physique et pyscholigique rime avec faisabilité, dans la mesure où l’on (re)connait ses priorités.

En conclusion ? J’ai appris à gagner moins (d’argent), mais à vivre plus (simplement).

L'appât du gain ne présente aucun avantage pécuniaire. L’enrichissement est différent et élémentaire, il est humain, expérientiel, culturel. Et si mon quotidien est peut-être appauvri d’ambition professionnelle, il est à l’inverse enrichi d’indépendance et de sincérité.

Ce duo sur-vitaminé est le fruit de ma qualité de vie d’aujourd’hui.