Freelance, de jour comme de nuit.

Emeline Blanchet / Marine Graham Photography

Parfois, c’est terrible cette obligation d’aller se coucher. Vous ne trouvez pas ?

À  moins que vous fassiez partie des personnes appuyant sur le bouton snooze, espérant que la journée passe à vitesse grand V pour pouvoir vite retrouver votre lit ?

Il est vrai que pour beaucoup, c’est un soulagement et une requête très commune dès que la sonnerie du téléphone retentit. Et je le respecte. Mais pour moi, c’est généralement un supplice de rejoindre les bras de Morphée en soirée. Et un bonheur d’agiter énergiquement mes paupières le lendemain matin.

Parce qu’à Bali, il y a tant à faire. L’énergie (le flow comme on dit ici) est tellement folle que je perds littéralement la notion du temps. Après quelques secondes de concentration, je peux approximativement estimer quelle date nous sommes.. Dans ce chaos calendaire, mon cerveau est simplement réglé par les calls et les impératifs français.

Justement, ce dernier commence généralement à bouillonner une fois les 23h passées. Je me retrouve ainsi en tête-à-tête avec mon écran, mon cahier, mes emails non traités et des cases non cochées.

Être freelance, c’est accepter de vaguer d’un client à un autre, d’urgences en exigences.

Mais c’est aussi démultiplier les possibilités, les projets, les rencontres sans tenir compte de l’espace temporel. Non pas qu’il faille mettre en parenthèse son sommeil, car il est essentiel et reste l’élément salvateur dans le processus créatif. Et oui, les idées ont tendance à s’inviter sans prévenir, un samedi comme un soir de semaine à minuit.


Certains projets d’ailleurs fleurissent sans même que vous n’ayez le temps de les voir bourgeonner. D’autres fanent avant même que vous n’avez pu les sauver. La créativité, couplée à la curiosité forment aujourd’hui le plus bel engrais que je puisse parsemer sur mon chemin, pavé de nouveautés.

Certifié sans pesticide, ce chemin là est tout de même arrosé de nuits relativement courtes voire d’insomnies. Elles ont quelque chose d’électrique, de magnétique et d’épuisant à la fois. Quand j’étais à Paris, j’ai lutté pour m’endormir, maintes et maintes fois. Mais avec du recul, je ne peux que les remercier, car ce sont elles qui ont mis en lumière des envies précédemment éteintes.

Peut-être que finalement, les idées sont moins timides la nuit, moins apeurées par la trop forte luminosité et les regards curieux.

Et à Bali, grâce à mon nouveau mode de vie, ces idées sont libres de voir le jour… la nuit.

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D’ailleurs, je lisais cette semaine que nombreux sont les français à devoir choisir entre la bonne conduite professionnelle et le bonheur privé. Comme si faire un choix de vie personnel (quitter le bureau plus tôt pour récupérer ses enfants, arriver plus tard pour aller au sport avant d’attaquer sa journée, télé-travailler pour ne pas perdre trop de temps sur le périph bouché, quitter le modèle salarial classique pour se lancer en freelance...) allait obligatoirement nuire à nos capacités et compétences.

Triste raccourci. Quel dommage d’être si catégorique et réducteur lorsqu’il s’agit de trouver un équilibre à son bonheur.

C’est là où aujourd’hui je me sens complètement épanouie par cette liberté de travail.

Je suis libre de travailler où je veux, quand je veux.

Sans la pression de l’horloge. Et ne voyez pas là une éloge de ce mode de vie car il ne convient pas à tous. Chacun se doit de trouver son chemin. Mais essayer d’y parvenir sans avoir à choisir entre le pro et le perso, sans devoir constamment vous justifier. Et sans penser que votre choix personnel,  votre décision rimera obligatoirement avec égoïsme.

Quand je décide de travailler jusqu’à 3h, je ne pense ni à mon sommeil à l’instant T (ma créativité menant la danse), ni à mon réveil le lendemain. Tout simplement parce que j’ai la possibilité de laisser mon inspiration (et non les horaires des RER ou celles imposés par la société) régir mon calendrier.

Est-ce que cela signifie pour autant que je manque de professionnalisme ?

Dans le cas où mon pic de productivité s’effectue entre minuit et 4h du matin, j’estime avoir efficacement effectué ma première moitié de journée. Quand vous, vous ferez la vôtre entre votre premier café et votre déjeuner client. Encore une fois, aucun jugement de valeur, chacun est libre d’opter pour le modèle le plus approprié à son train de vie.


Mais voilà pourquoi je chéris tant mes courtes nuits et insomnies ici à Bali.

La liberté offerte quand on est freelance peut nous permettre de cultiver la pluralité de nos envies sans être contraint par le réveil du lendemain. Vive la liberté du calendrier !